Rien n’était laissé au fait du hasard mais c’est un domaine où les imprévus sont nombreux. D’abord le temps, le froid et le vent parfois glacial dans les tunnels ou sur certain carrefour.
Ceci m’a valu au 30 ème Km un problème gastrique, vertige, nausée à la limite de l’évanouissement. J’étais à 2h30 au 32 ème km tout à fait ce que je prévoyais mais perdu une bonne heure sur les radars de contrôles de l’organisation. C’est ce qui a été indiqué à mon fils qui s’inquiétait de ne pas me voir arriver.
C’était chacun pour soi, tant la difficulté est grande. Pendant 5 kms je ne pouvais presque plus marcher, chaque pas, simulation de vomissement. J’ai pensé à abandonner mais lorsque j’arrivais devant une ambulance, un message inconscient mais surtout mensonger, plein de diplomatie, et de compassion, me mentant à moi-même: « Ne t’arrêtes pas à celle là, il y en a une autre un peu plus loin ». Par deux fois le même message ! Voilà le plus extraordinaire et enrichissant de cette expérience. Puis au 37 ème km plus de problème, simplement les difficultés physiques normales.
A l’arrivée, je me suis réjoui du score de mon fils et pour moi surpris d’être allé jusqu’au bout. Le Marathon c’est aussi la simulation de la réponse à savoir, comment sera une fin lente et douloureuse. Oui en effet les moyens de la technique permettent d’approcher l’extrême, sans pour autant appeler cela un suicide ou un parcours de kamikaze. Le cardiogramme sur la poitrine qui indique avec son bip la limite à ne pas dépasser, La puce dans le dossard qui permet d’être situé en permanence sur le circuit en mouvement ou à l’arrêt à un endroit précis pour déclencher l’intervention d’une ambulance avec les indications de base sur l’intéressé, son âge par exemple.
« Alerte, Papi de 66 ans en difficulté, trop longtemps arrêté, au 35 ème km sortie de route en ligne droite, coté droit de la piste dans le fossé et ce n’est pas son heure de sieste, Arrêt pipi dépassé. Intervenir »
Voilà pourquoi je suis venu participer au Marathon de paris 2012. Non pas pour remonter le temps, mais pour le devancer. Mon Moral est au beau fixe et je dois terminer ce que j’ai commencé sur notre terre, avant de changer d’horizon au grès du vent.
Jac, le 17.04.2012
Partit de chez Sylvain 1 h à l’avance Paris semble encore vide comme un matin de dimanche. Et on ne vois d’abord aucun coureur, mais au plus tard au Trocadéro de plus en plus rentre dans le métro. En arrivant aux vestiaires justes après l’arrivée dans l’avenue Foch, on aperçoit le départ du Marathon sur les grands écrans. Mais Sylvain n’a pas l’air de paniquer : « On a le temps » dit-il. Je bois quelque dernières gorgées de ma bouteille et donne mon sac. A peine le temps de resserrer mes chaussure les voilà déjà partit : « attendez moi j’ai envie de faire pipi ». Ca commence bien ! Nous voilà déjà en train de courir pour rejoindre la ligne de départ à 1km. « On t’attend pas… ». Je trouve une cabine à WC à côté de l’arc de triomphe. Je sprint un coup pour rattraper mon retard et je vois papa qui me cherche, nous rejoignons vite Sylvain qui connait les lieux. Nous voilà à une des entrées sur la piste. Une entré « verte » ; c'est-à-dire pour ceux qui veule faire le marathon un 4 h. Nous repérons déjà quelques fanions verts qu’il faudra suivre. Encore un 10 min d’attente avant de pouvoir s’introduire sur la piste, centimètre part centimètre. Nous apercevons au loin la ligne de départ. Impossible de marcher normalement : des sacs (poncho), des bouteilles et divers habits jonchait déjà le sol. Il ne fait pas chaud et je suis comptant d’avoir ma veste. Il nous faudra encore 15 mn de plus pour enfin franchir la ligne de départ ! Et c’est partir, en descente sur les Champs Elisée. Et déjà envie de faire pipi ! Encore des obstacles à sauter par-dessus. Ca descend et on est aspiré par l’Obélisque de la concorde.
On suit Sylvain qui prend la tête. Premier ravitaillement, je ne m’arrête pas car j’ai de l’eau et des dates. Me mange et bois en passant par le centre du rond point de la Bastille, pendant que les autres font le grand tour pour se ravitailler. Je me calme un peu et Sylvain et papa me rejoignent. Papa a maintenant aussi envie de faire pipi. Je le rassure que dans 5 km on arrive dans le bois de Vincennes. Moi aussi j’ai hâte d’y être.
Enfin des arbres ! Je quitte le premier la piste. On a 3 ou 4 par arbre. J’aperçois papa à l’arbre d’à côté. Sylvain lui continue. Nous voilà ensuite 50 ou 100 m de Sylvain. Papa me dit de me calmer et qu’on ne pourra pas rejoindre Sylvain. Je lui fais signe que j’ai vu Sylvain et c’est là que j’accélère un tout petit peu, mais suffisamment pour que papa décide de ne pas me suivre, car je ne le vois plus du tout derrière moi. Déception après 10 min à vitesse supérieur, car je me rends compte que la personne que je croyais être Sylvain, n’est pas Sylvain. Donc j’abandonne l’idée de rejoindre Sylvain.
Mais surprise : 2km plus loin j’aperçois Sylvain qui court aisément. Je suis plus seul. Je le suis tout en me rapprochant doucement. C’est lui mon meneur de pas. Puis entre le km 16 et 17 je le rejoins et on court ensemble un moment.
Mais peut après il me quitte pour un petit pipi dans les derniers arbres du bois de Vincennes. Mon meneur de pas n’est plus la. Sortit du bois de Vincennes j’aperçois la tour Eifel au loin, et pour moi commence l’inconnu car je n’ai jamais couru plus que 21 km. Je me calme un peu, car je sais qu’elle est de l’autre côté de Paris. Nous courons dans un tunnel interminable ou j’ai presque eu trop chaud. Je reste un long moment seul, mais sachant que Sylvain devait pas être loin derrière moi. Et effectivement il me rejoint vers le km 25. Il a l’air encore frai alors que je lui dis de prendre la relève et essaye de le suivre. Il me dit qu’il suffit de suivre le fanion vert. Effectivement il est juste devants nous. Mais est ce qu’on venait de le doubler ou venait-il lui de nous doublé ?
C’est le bord de Seine ou l’on passe sous plein de point, légère descente suivie de légère côte. Sylvain prend de l’avance. Et bientôt je ne vois plus le fanion. Je pers Sylvain de vu a 50m devants moi. J’abandonne la poursuite.
A la sortie d’un tunnel, grande surprise : la tour Eifel sur la gauche, presque a coté, mais c’est trompeur. Je la regarde plus, je serais satisfait lorsqu’elle sera derrière moi !
Au km 30 commence l’anxiété arrive réellement, car c’est entre le 30 et 33 que généralement vient le fameux marteau. C’est là que l’on change de mode de production d’énergie. Je me calme donc encore un peu. Mais je ne sens pas d’effet spécial, à part que les douleurs dans les jambes commencent à venir.
On repasse sur le périphérique direction Paris, avec vue sur l’hôtel Concorde Lafayette. Mais Sylvain m’avais prévenu que c’était un piège, la course n’est pas fini, après une longue ligne droite on repart dans le bois de Boulogne et on y refait 6 ou 7 km. Les km les plus durs. Je pense plus à rien, sauf arriver !
Les 3 derniers km de plus en plus de coureurs marchent. Plusieurs fois j’ai failli foncer dans un coureur arrêté. Mais je n’ai même pas envie de m’arrêter, juste arriver. Et j’ai bien fait, car à peine la ligne d’arrivé franchi, 3 pas après je peux plus marcher, que par petits pas. Si je m’étais arrête avant je n’aurais jamais pu recommencer a courir.
Je marche en zigzag sens trop savoir ou aller et je vois une femme qui distribue des médailles, puis plus loin des ponchos. Je suis le courant et j’observe les autres pour savoir ou aller et quoi faire. Les T-shirt, je cherche ma taille, mince plus rien des cartons vide, je me retourne et derrière moi il y a du monde et d’autre distribution de T-shirt. J’essaye de marcher sans m’arrêter tout en prenant de quoi manger et boire, banane, orange et de l’eau et au bout de 100 mettre de buffet de la Powerade. Ensuite j’arrive aux consignes ou on avait laissé nos baguages avant le départ. A mon numéro une queue. Il fait hyper froid, je grelotte. Ca fait 15 min que je suis arrivé, je cherche Sylvain. J’ai bien pensé lui envoyer un SMS, mais je n’ai pas eu la force. Il doit être comme moi et errer dans les parages. Je me mets dans la queue pour récupérer mes baguages. Dedans in y a mon anorak que je pourrai mettre en plus du poncho. Peut après je vois Sylvain qui arrive derrière moi dans la queue. Il a l’air de marche normalement, mais quand même fatigué. On récupère no baguages et se mets en face de la consigne pour observer quand papa viendra chercher ses baguages. Et on a vraiment très très froid. J’ai le bout du pouce gauche tellement gelé que je le sens plus. Au bout d’une heure on commence à vraiment ce faire du souci. Je vais marcher un peu et je m’étire un minimum les cuisses et les mollets, et ça soulage. Je propose de laisser mon sac à Sylvain pour aller au poste d’information famille pour voir si ils peuvent me dire si papa est arrivé. Il y a la queue et des problèmes d’ordinateur, bref ca dure encore demi-heure avant d’apprendre qu’il était au km 35 à 14:30 et qu’il lui a fallu 1 h pour faire 5 km. Donc il a eu un problème, et je calcule qu’il ne devrait quand même pas tarder à arriver. Je retourne aux consigne et la enfin le voilà, debout et apparemment il ne boite pas.
Michael, le 17.04.2012